4.5.08

Malraux, La Condition Humaine

Les paupières battantes, Tchen découvrait en lui, jusqu'à la nausée, non le combattant qu'il attendait, mais un sacrificateur. Et pas seulement aux dieux qu'il avait choisis : sous son sacrifice à la révolution grouillait un monde de profondeurs auprès de quoi cette nuit écrasée d'angoisse n'était que clarté. "Assassiner n'est pas seulement tuer..." Dans ses poches, ses mains hésitantes tenaient, la droite un rasoir fermé, la gauche un court poignard. Le rasoir était plus sur, mais Tchen sentait qu'il ne pourrait jamais s'en servir ; le poignard lui répugnait moins. Il lâcha le rasoir dont le dos pénétra dans ses doigts crispés ; le poignard était nu dans sa poche, sans gaine. Il le fit passer dans sa main droite, la gauche retombant sur la laine de son chandail et y restant collée. Il éleva légèrement le bras droit, stupéfait du silence qui continuait à l'entourer, comme si son geste eût pu déclencher quelque chute. Mais non, il ne se passait rien, c'était toujours à lui d'agir.

1 commentaire:

Antonia a dit…

J'avais déjà envie de lire ce livre, mais là encore plus. C'est fort comme passage en tout cas, je l'ai lu vite fait et puis après coup dans la journée j'y repensais, un peu comme une scène de film dont on se rappelle, bref, si le reste du livre est comme ça, c'est bien.

Kaponz et Spinoza, c'est deux jeunes (je me demande s'ils sont pas lycéens même) parisiens, enfin je dis deux mais sur scène ils sont plus nombreux, bon et ils sont amis avec les BB Brunes mais ça s'entend pas tellement.
J'ai quelques chansons d'eux, c'est toujours très bien écrit, mais celle-là c'est la révélation, déjà en lisant c'est bien, mais la façon qu'il a de chanter/parler... sur leur myspace il y a la version live, c'est encore plus flagrant, il est vraiment dans le texte.